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       Centre  d'éducation canine

de formation et d'accompagnement

 L’hypersensibilité chez le chien

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​

Par Laurence Seynaeve Mérat

Biologiste Éthologue

  Spécialisée en éducation et

thérapie comportementale canine

21 mars 2023

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Tout comme les humains, les chiens peuvent être hypersensibles.

 

Mais que signifie l'hypersensibilité,

comment se développe-t-elle et comment se gère-t-elle ?

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Qu’est-ce que l’hypersensibilité ?

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Selon la science (réf : 1,2)

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Carl Gustav Jung décrivit pour la première fois en 1913 l’hypersensibilité comme une « sensibilité innée » prédisposant certains individus à développer une névrose suite à un environnement infantile défavorable, mais qui revêtait également des aspects positifs procurant à l’individu un « caractère enrichissant ».

 

La psychologue Elaine Aron reprit cette théorie dès les années 90 en s’appuyant sur de nombreuses recherches. Elle démontra que cette sensibilité innée touchait environ 20% de la population humaine ainsi que de nombreuses autres espèces animales et qu’elle impactait la façon dont l’individu appréhendait ses évènements de vie et y réagissait.

 

Ainsi, face aux mêmes stimulations, les personnes hautement sensibles ou HSP (pour « Highly Sensitive Person ») y réagissaient plus.

 

Acevedo et al. publièrent en 2014 dans le journal Brain and Behaviour que les HSP disposaient d’un processus cérébral de traitement de l’information hautement sensible ou SPS (« Sensory processing sensitivity ») sélectionné par l’évolution pour favoriser la survie.

Disposer de ce trait, correspondrait à une stratégie évolutive facilitant le recueil de ressources, l’attention portée aux autres et l’évitement de dangers par l’observation minutieuse d’une situation nouvelle et de sa comparaison avec les expériences passées. Pourtant, cette stratégie adaptative ne concerne pas tous les organismes d’une même espèce car elle représente un coût cognitif et physiologique, et n’est avantageuse pour le groupe que par complémentarité.

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Description de l’hypersensibilité (réf : 3)

 

La sensibilité élevée, qu’on nommera dans cet article « hypersensibilité » pour reprendre un terme courant, peut toucher la sphère sensorielle et émotionnelle.

Lorsqu'un individu, qu’il soit chien ou humain, est hypersensible sensoriel, il ressent plus intensément qu’un individu non hypersensible les stimulations agissant sur ses récepteurs correspondants et y réagit plus vite, plus fortement voire plus longtemps. 

 

L'hypersensibilité sensorielle peut concerner un ou plusieurs sens : tactile (toucher, thermoception, nociception), auditif, visuel, olfactif, gustatif, vestibulaire

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(sensations d’accélération), proprioceptif (sensation de la position des différentes parties du corps, sensations internes).

 

L’hypersensibilité n’est pas une pathologie, bien qu’elle puisse être ressentie comme pénible par les individus la vivant. Ainsi, cet excès de sensations fait souvent l’objet de plaintes et de demandes d’aide.

Le but du soutien ne sera pourtant pas sa répression mais sa compréhension, sa mise en valeur dans des activités adaptées et l’ajustement du mode de vie.

 

Manifestations de l’hypersensibilité sensorielle (réf : 2)

 

Les HSP se caractériseraient selon Acevedo et al. (2014) par les réactions suivantes : face à la nouveauté, elles s’arrêtent et analysent, elles démontrent une attention élevée aux stimulations subtiles, sont plus réactives aux stimuli tant positifs que négatifs et sont plus attentives aux besoins d’autrui.

 

Une personne hypersensible visuelle pourra ainsi être vite éblouie par la lumière ou prêtera attention au moindre changement de place d’un objet dans sa déco. Si elle est hypersensible tactile, un effleurement l’irritera, les étiquettes ou certaines coutures de vêtement la piqueront. Un hypersensible auditif sursautera au crissement d’une fourchette, il aura du mal à se relaxer s’il y a du bruit et sera épuisé par un tour en ville.

 

Un chien hypersensible visuel s’alertera à la vue d’un objet inhabituel, fixera du regard une trottinette en mouvement.

S’il est hypersensible auditif, un bruit de boîte en métal ou d’une pétarade de moto le fera sursauter.

Lors d’une hypersensibilité tactile, il retirera sa patte si on la touche ou écartera sa tête si on la caresse, il pourra encore venir lentement lors de la mise en laisse ou du harnais. Quant à l’hypersensibilité vestibulaire, le chien démontrera de la lenteur en descendant les escaliers ou en montant une rampe, ou encore il témoignera d’un stress (halète, se lèche le museau par exemple) si vous prenez beaucoup de virages en voiture.

De l’hypersensibilité à la pathologie (réf : 4)

 

Lorsque l’hypersensibilité s’accentue pour devenir extrême, ce qui concerne statistiquement moins de 5% de la population humaine, un état pathologique, caractérisé par une grande souffrance et une rigidité comportementale compromettant l’adaptation, s’installe.

 

Cet état extrême peut se retrouver dans les phobies ou l’anxiété généralisée.

 

Chez le chien, lorsque le mode de vie est défavorable, l’hypersensibilité peut conduire à un trouble mental comme dans la phobie, le syndrome de privation sensorielle ou l’anxiété généralisée.

 

La sensibilité extrême chez le chien (réf : 5)

 

Lorsque sa sensibilité devient extrême, le chien n’arrive plus à réagir de façon adaptée, ni à apprendre normalement.

 

Lors de phobie, le chien réagit par une peur exagérée et non adaptative à une stimulation présente, bien que celle-ci se soit révélée objectivement non dangereuse.

On parle alors d’inadaptation comportementale car le chien pourrait perdre la vie à cause de ses réactions de panique face à un évènement se révélant pourtant non risqué pour lui.

Cette peur pathologique ne se réduira pas au fur et à mesure que la situation persistera ou se reproduira avec innocuité, mais elle restera intense voire augmentera.

 

Un chien phobique n’est donc plus capable de s’habituer spontanément à la situation en question.

 

Dans l’anxiété, le chien anticipe les stimulations qui lui font peur alors même qu’elles ne sont pas présentes : il regarde à droite et à gauche, il se fige, il explore difficilement, il n’arrive pas à se relaxer même quand rien ne se passe :

 

 

  • Phobies / Anxiétés tactiles : le chien se tétanise et pourrait tomber de la table de consultation, ou fuit ou menace ou mord lors de certaines manipulations, le plus souvent au niveau des pattes, ou lors de soins non douloureux (enlever une tique, prendre la pression, brossage).

En cas de douleur même légère, les réactions défensives sont encore exacerbées. Le chien peut anticiper le toucher lors de toute approche anodine.

  • Phobies / Anxiétés auditives : le chien se fige et refuse d’avancer, fuit ou fonce en avant et aboie, voire mord son détenteur, lors de certains bruits, le plus souvent les bruits de la route (voitures, motos, camions, trottinettes, klaxons), de ballons, de tirs, d’orage, de métal. Le chien peut anticiper les bruits avant qu’ils n’aient lieu.

  • Phobies / Anxiétés visuelles : le chien se fige et refuse d’avancer, fuit ou fonce en avant et aboie, voire mord son détenteur, à la vue d’objets incongrus tels que drapeaux, parapluies, poubelles, cannes, chapeaux, casques etc. Le chien peut anticiper la vue de ces objets avant qu’ils ne soient visibles.

  • Phobies / Anxiétés vestibulaires : le plus souvent, elles concernent les trajets en voiture. Le chien se fige et refuse de monter en voiture ou fuit. Une fois dans la voiture, il bave, halète, vomit. Certains chiens peuvent aussi fuir les escaliers car ils sont phobiques du vide.

  • Phobies olfactives : le plus souvent elles s’observent lorsque le chien renifle l’odeur de certains individus, et qu’aucun autre élément ne permet d’expliquer sa réaction : il peut reculer soudainement, grogner, aboyer, voire mordre ou attaquer avec bruit l’individu porteur de l’odeur.

Les causes possibles de l’hypersensibilité (réf : 6,7)

 

L’hypersensibilité est le plus souvent présente dès la naissance, liée à la base génétique concernant le promoteur du transporteur de la sérotonine, nommé 5-HTTLPR.

Il existe une version longue de ce promoteur et une version courte ou
5-HTTLPR s-allèle, qui nous intéresse présentement.

 

Les individus porteurs d'une allèle courte (5-HTTLPR s-allèle) se révèlent avoir une plus grande sensibilité sensorielle innée aux stresseurs environnementaux, comparés aux porteurs de version longue.

Il a ainsi été démontré qu’ils présentaient :

 

  • Un niveau élevé de névrosisme (un des 5 facteurs de la personnalité), les prédisposant à la dépression et à l’anxiété.

  • Une hyperréactivité de l’amygdale face aux stresseurs, favorisant la peur conditionnée aux bruits : lors d’un évènement stressant, l’amygdale est un médiateur physiologique activant le système nerveux autonome (élévation du rythme cardiaque et respiratoire par exp.) et un médiateur attentionnel, en relocalisant toutes les ressources attentionnelles du sujet sur le stresseur environnemental.

  • Les porteurs du variant court démontrent une plus grande réaction de sursaut au bruit, et un couplage altéré entre l’amygdale et les régions du cortex préfrontal médian, censées atténuer par voie descendante la réactivité de l’amygdale, permettant ainsi l’extinction des réactions de peur.

Les porteurs du variant court ont donc par nature des difficultés d’habituation à des stresseurs environnementaux comme le bruit, ils vivent comme plus traumatisant un évènement stressant comparé à un porteur d’un variant long, et présentent des capacités réduites de résilience suite à une situation d’adversité.

  • Une augmentation du focus visuel et auditif : le pulvinar, un des noyaux du thalamus qui joue un rôle essentiel dans le focus attentionnel visuel et auditif, a une taille augmentée chez les porteurs de variant court.

  • Une plus grande probabilité de développer un état dépressif ou recourir au suicide, suite à un environnement stressant ou de développement maltraitant.

  • Une réactivité augmentée de l’axe HPA ou axe du stress aux stimuli perçus comme menaçants, induisant les réactions neurovégétatives de stress (sensations corporelles désagréables comme des sueurs, un rythme respiratoire augmenté, un cœur palpitant, des maux de ventre etc.) et les comportements défensifs tels que la fuite, l’agression ou l’inhibition totale.

 

Selon des modèles animaux, chez le macaque, le rat et la souris, être porteur du

5-HTTLPR s-allèle aboutit à :

  • Une augmentation des comportements anxieux.

  • Une difficulté d’extinction du conditionnement de peur.

  • Des comportements d’auto-agression et des stéréotypies, chez les macaques qui avaient été séparés de leur mère.

L'hypersensibilité peut aussi résulter d'un évènement très désagréable comme : un accident ou une maladie, la perte d’un sens, les agressions interpersonnelles répétées, ou plus simplement des feux d'artifice dépassant les capacités d'adaptation du chien en raison de son espèce.

Comment gérer l’hypersensibilité chez le chien ? (réf : 8,9)

Favoriser l’environnement de développement

 

Les chiots hypersensibles ont besoin d'un environnement de naissance puis de développement doux et progressivement plus stimulant pour ne pas développer d’état phobique ou d’anxiété. Le niveau de stimulation de l’élevage doit simuler peu à peu celui dans lequel le chien adulte vivra.

Il est donc important dès l’âge de 3 semaines de stimuler de façon progressive les chiots dans leur exploration : sons diversifiés, diverses textures et objets. L’éleveur consacrera du temps de contact avec les chiots afin qu’ils s’habituent aux interactions humaines.

La mère des chiots devra être tolérante et dépourvue de trouble anxieux, tout en étant capable de leur apprendre à se contrôler sans les agresser.

À leur adoption, les nouveaux tuteurs devront favoriser la poursuite du bon développement cérébral de leur chiot, en ne le catapultant pas dans des lieux trop stimulants, au risque de le traumatiser plutôt que de l’habituer.

La 1ère semaine d’adoption sera consacrée à la connaissance de son lieu proximal de vie : bruits de la maison et de ses environs.

Afin de faciliter l’adaptation, on associera les nouveautés à une attention positive donnée au chiot, par une voix douce et joyeuse, des petites croquettes dispensées lorsqu’il se balade en laisse, un jouet qu’il peut mastiquer lorsqu’on passe l’aspirateur à distance de lui.

Les 2 mots d‘ordre sont donc : se montrer progressif et positif.

 

Faire preuve d’observation et de sensibilité

 

Votre chien détient tout un répertoire de mimiques, de postures, de sons et de comportements qui vous indiquent ce qu’il ressent : joie, peur, inconfort, colère, tristesse, excitation, surprise, dégoût, sérénité etc.

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Lorsqu’il est inconfortable, votre chien pourra l’exprimer en :

​

  • Baîllant, haletant, tremblant, bavant.

  • Détournant son regard ou sa tête.

  • Abaissant son corps ou en le dressant de façon tendue.

  • Écartant son corps ou sa tête, en s’éloignant.

  • Aboyant, en grognant ou en mordant.

  • Vous sautant dessus, en vous mordillant.

  • Fuyant ou en refusant de bouger.

  • Faisant un appel de jeu hors contexte.

 

Ajuster son environnement de vie

 

Un chien hypersensible a besoin chaque jour de se balader au moins 30 minutes dans un lieu calme pour se ressourcer : bois, forêt, campagne.

Si on habite en ville, il est aussi possible d’adapter ses horaires, afin de le promener au parc loin de la route durant des heures creuses (pendant que les enfants sont à l’école, tôt le matin, le soir, durant les heures de repas). Il est dans ce cas recommandé d’amener son chien se balader loin de tout durant le weekend.

Image tirée de : https://monchienetmoi.fr/pourquoi

promener-son-chien-regulierement-est-important/

À la maison, lui offrir diverses places de couchage dont au moins une se trouvant loin du brouhaha de la cuisine, des enfants ou des passages.

 

Découvrir et lui proposer ses activités ressource

 

Une activité-ressource est celle qui relaxe naturellement votre chien grâce au fait qu’il focalise son attention sur elle, plutôt que sur les stimulations qui le stressent. Chaque chien a une personnalité unique et donc des goûts personnels.

Comment découvrir ses activités-ressource ? En observant celles qu’il choisit spontanément et durant lesquelles il n’a pas besoin que vous interveniez pour se sentir bien, ni recourir à un comportement défensif tels que la fuite, l’agression, l’inhibition ou la répétition compulsive.

On le verra adopter une position corporelle neutre ou légèrement haute, une concentration spontanée sur ses actions ; il peut également avoir le sourire aux lèvres ; il arrêtera naturellement son activité-ressource et ne s’y surexcitera pas ; il arrivera à ignorer les stimulations extérieures.

Certains chiens se ressourceront principalement en flairant des odeurs, d’autres en jouant seul avec un jouet, en se roulant dans l’herbe, en explorant les nouveautés, en grimpant sur des troncs ou autres obstacles, d’autres encore en se couchant et en regardant le paysage tout simplement !

Votre chien retirera un grand bien-être s’il peut s’adonner à ses activités-ressource chaque jour.

Développer des techniques de relaxation ou de « pleine conscience »

 

Certains chiens n’ont pas réussi à découvrir quelles étaient leurs activités-ressource ou à simplement se relaxer sans se surexciter. Comme beaucoup d’humains, ils s’agitent en réponse aux stimulations, jusqu’à l’épuisement, en ne sachant pas qu’ils pourraient s’apaiser sans besoin de s’être agité.

Afin qu’il apprenne à se relaxer, on peut apprendre à son chien à relocaliser son attention contre récompense sur un endroit de son corps à la place qu’elle ne se fixe sur la stimulation à laquelle il est hypersensible.

Parmi les exercices, on retrouve par exemple :

  • Chercher des croquettes ou des odeurs dans l’herbe : relocalisation de son attention sur son flair.

  • Se coucher sur un support en y posant sa tête : relocalisation de son attention sur sa proprioception.

  • Poser sa tête sur un petit linge en restant debout ou assis (lors des soins) : relocalisation de son attention sur sa proprioception.

  • Focaliser son regard dans celui de son humain à la place de fixer du regard un objet qui l’effraie : relocalisation de son attention visuelle.

  • S’entraîner au clicker : focaliser son attention auditive sur un son associé à une récompense.

Vous pouvez lui apprendre ces techniques jusqu’à ce que progressivement il soit autonome dans leur choix et se les approprie comme activités-ressource.

 

Utiliser des méthodes éducatives positives

 

L’éducation positive inclut les associations positives et le renforcement positif utilisant des récompenses faisant plaisir au chien.

Chaque chien étant unique dans ses goûts, il est important de connaître au préalable ce qu’il trouve agréable en observant ses réactions. Ainsi par exemple, si vous caressez votre chien dans le but de récompenser sa bonne action mais qu’il écarte sa tête, votre caresse n’est pas considérée par lui comme plaisante dans cette situation-là. Si vous lui présentez un jouet, qu’il le prend en bouche et se met à jouer avec, vous pouvez l’utiliser comme élément positif.

Les chiens sont comme les humains, ils ressentent du bien-être lorsqu’ils sont récompensés et du stress lorsqu’ils sont punis. Alors si vous souhaitez que votre chien soit le plus souvent dans le bien-être, utilisez des méthodes éducatives positives.

 

Lui apporter votre soutien

 

Afin d’explorer le monde avec sérénité, le chien tout comme l’enfant a besoin que son besoin de sécurité affective soit rempli.

L’attachement sécure requiert divers principes dont le soutien aux besoins et aux émotions d’autrui ainsi que la stabilité.

Le 1er principe est de pourvoir et de répondre aux besoins de son chien.

Le chien doit savoir qu’il peut compter sur vous lorsqu’il vous exprime un besoin.

Si vous ne le faites pas, soit il exacerbera ses demandes jusqu’à ce que vous le satisfassiez, soit il se débrouillera seul mais de façon souvent problématique pour vous.

 

Trop de personnes croient que porter attention à son chien quand il a peur, va renforcer sa peur. Or, une émotion ne peut être renforcée, seul un comportement peut l’être.

 

Quand un chien a peur, il demandera d’abord le soutien de son tuteur comme en le regardant, en se cachant derrière lui, ou en lui sautant dessus pour avoir un contact physique etc. Mais si ce dernier ne l’aide pas, le chien se débrouillera seul par un comportement défensif parmi l’agression, la fuite, l’immobilité totale ou l’auto-apaisement (voire stéréotypie).

Par conséquent, si vous le laissez « se débrouiller », il renforcera sa stratégie défensive plutôt que de vous demander votre soutien.

 

Si votre chien sursaute lors d’un bruit ou à la vue d’un objet inhabituel, prend son temps pour grimper dans la voiture ou les escaliers, s’approche lentement lorsqu’il voit que vous allez lui mettre son harnais, écarte son corps lorsqu’une personne approche sa main pour le caresser…ne le forcez surtout pas !

 

Le contraindre, le gronder, tirer sur sa laisse ou le pousser le braquera et le sensibilisera davantage. Au lieu de se détendre face à cette situation, il l’associera à un grand désagrément et à une perte de confiance à votre égard. À terme, il peut développer une phobie ou une anxiété.

 

Au lieu de cela, comprenez que cette situation est délicate pour lui, qu’il fait de son mieux et aidez-le à la positiver.

 

Vous lui servirez de pilier de sécurité si vous lui servez d’abord de modèle de stabilité en tant que guide : soyez sensible à ce qu’il ressent sans entrer en contagion émotionnelle ni en vous énervant. Montrez-lui ce qu’il peut faire pour s’apaiser.

 

Par exemple :

  • Placez un chemin de croquettes sur la rampe de la voiture ou les escaliers pour le motiver à les monter.

  • Associez les bruits ou objets inhabituels à une activité plaisante comme un jeu.

  • Proposez-lui de passer sa tête lui-même dans son harnais contre une léchouille de pâté l’attendant de l’autre côté.

  • Offrez-lui la liberté de s’approcher à l’appel de son nom et de se coller volontairement contre la main en attente posée sur le genou, mais s’il ne le fait pas, laissez-lui le choix de ne pas apprécier le contact avec une personne inconnue.

 

Avec vous, apprenez-lui que venir au contact sera source de nourriture et donc de plaisir, mais ce sera toujours à lui de faire cette démarche et non pas à vous de forcer l’interaction.

Vous l’aurez donc compris, l’hypersensibilité touche aussi bien les chiens que les humains et n’est pas une maladie tant qu’on essaye pas de la réprimer par l’ignorance ou par la contrainte.

 

Le formatage sociétal est à mettre au placard car non seulement il oblige à une sur-adaptation faisant souffrir ceux qui s’y essayent, mais en plus il pousse les différences individuelles à s’extrêmiser pour finalement devenir pathologiques.

 

Offrez à votre chien et à vous-même la liberté d’être différent, valorisez cette singularité en adaptant votre environnement et en la déployant dans les activités qui la réclament. Vous sentirez alors comme la vie devient plus agréable.

Sources

​

  1. Aron E., 2004. « Revisiting Jung’s concept of innate sensitiveness ». Journal of Analytical Psychology, 49, 337–367.

  2. Acevedo B., et al. 2014. The highly sensitive brain: an fMRI study of sensory processing sensitivity and response to others' émotions. Brain Behav. 2014 Jul; 4(4): 580–594.

  3. M. Balavoine, 2017. L’organe : le système vestibulaire. Pulsations HUG, n° 22, janvier-mars 2023.

  4. Crocq M-A., Guelfi D., 2015. Troubles anxieux. DSM-5, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. 5e édition. American Psychiatric Association.

  5. Dehasse J., 2009. Tout sur la psychologie du chien. Éditions Odile Jacob.

  6. Caspi, A. et al.,2010. Genetic Sensitivity to the Environment: The Case of the Serotonin Transporter Gene and Its Implications for Studying Complex Diseases and Traits. Am J Psychiatry 2010; 167:509–527.

  7. Emily M Drabant et al., 2012. Neural Mechanisms Underlying 5-HTTLPR Related Sensitivity to Acute Stress. Am J Psychiatry. 2012 Apr; 169(4): 397–405. 

  8. Topál J, Miklósi A, Csányi V, Dóka A. Attachment behavior in dogs (Canis familiaris):a new application of Ainsworth’s (1969) Strange Situation Test. J Comp Psychol. 1998;112(3):219–229.

  9. M Mikulincer et al., 2002. Attachment security in couple relationships : A systemic model and its implications for family dynamics. Family Process, vol. 41, Issue 3, p. 405-434.

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